Christopher Marlowe. : Edward II




En dramatisant le règne convulsif d'Edouard de Carnarvon, roi d'Angleterre de 1307 à 1327, Marlowe suit assez fidèlement les chroniques d'Holinshed (publiées en 1577). Edouard II est le souverain du chaos.
Son règne est celui du désordre, de l'excès, de la prodigalité. Il élève des "culs-terreux " aux plus hautes dignités, place un homme dans son lit, bafoue, bouleverse et transgresse toutes les hiérarchies " naturelles " sur lesquelles se fonde son pouvoir, ses privilèges et ses droits. L'originalité de Marlowe est de traiter conjointement le thème politique et le thème sexuel, créant un parfait jeu de miroirs entre amours contre nature et troubles contre nature dans le corps social.
C'est cette construction en miroir qui fait de la première grande tragédie historique anglaise une tragédie archétypale, ouvrant l'histoire à la dimension du mythe. Tragédie du désir, tragédie de la transgression. Sans rémission, transcendance ni espoir.

Extrait : Lancastre : "Le pire, c'est la mort, et plutôt mourir pour la vie éternelle Que de vivre dans l'infamie sous un tel roi "


Du grand théâtre élizabéthain. Parce qu'elle tourne autour de ce qu'est la Royauté, la pièce de Marlowe m'a permis de mieux comprendre l'intrigue de Lear. On ne partage pas une couronne, on ne découpe pas un royaume. Il ne s'agit pas d'homophobie - nonobstant le supplice final du roi Édouard - car si l'ordre a été rompu, ce n'est pas celui de la nature, mais bien du pouvoir, et donc de Dieu. C'est pour avoir trop donné à son amant qu'Edouard tombe. Non parce qu'il avait un amant. Drame historique truffé de personnages ignobles, d'intrigues de palais et de subversion des grands ordres du monde, elle mérite, à mon sens, de figurer aux côtés de ses équivalents Shakespeariens - Henri VI ou Richard III, par exemple.

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